3ème jour : le jour du combat !

Nuit hyper agitée, endormie tard 22h30, réveil 2h plus tard et impossible de me rendormir. A 2h45 je décide de prendre un somnifère (le 1er et j’espère le dernier avant longtemps) en me disant ; il faut que je dorme, car demain soir je me bats. Et ben je confirme ça marche et sans mésaventure au réveil. Par contre c’est drôle l’effet que le cachet fait avant de faire dormir, cette sensation des muscles complètement détendus et boum dodo !! Bon c’était pour la petite anecdote, revenons à nos moutons.

Réveil à 10h, petit déjeuner avec les athlètes pas encore entrés en compétition. Et je retourne me coucher. D’ailleurs, à ce propos, c’est quand même la première fois que je cherche, dès que j’ai un créneau, à dormir. Merci le jet lag !

La journée avance dans ces moment là trop doucement à mon goût. Le midi, retour des 2 athlètes qui ont combattu ce matin : Anthony Lim en -60kg et Thomas N’Guyen en -65kg. Tous les 2 étaient en 1/16eme et malheureusement ont perdu.

Énorme déception vis a vis d’Anthony, pour qui ce championnat du monde était le dernier. Mais des fois, il y a des choses qui ne sont pas prévues. Je sais que Anthony saura rebondir, mais je suis quand même dégoûtée.

Paradoxalement (ou pas d’ailleurs),  quand j’ai appris que les deux avaient perdu, ma motivation en a été décuplée et je n’avais qu’une envie : en découdre pour prouver à tous qu’il faut compter sur les français.

L’heure approche, le début d’après-midi passe, j’essaie encore une fois de dormir un peu mais suis réveillée par un de mes coaches : “alice, on avait une réunion a 14h30” !! Bon autant vous dire qu’après je n’ai que somnoler !

16h, je prend le taxi pour me rendre au Badminton stadium, mon combat est l’avant dernier de la journée.

La plateforme des championnats

Intérieur du Badminton stadium, lieu de la
compétition

Avant, passe Nathan Issaad en -75kg et enfin une victoire qui lui permet d’accéder eu ⅛ ème de finale. A moi de jouer maintenant !

Une fois son combat terminé, je commence ma préparation d’avant combat. Quand on arrive, comme moi, 2h avant son combat, l’échauffement se fait donc en 2 temps.

Un premier temps qu’on pourrait assimiler à un réveil musculaire : petit footing pour préparer les muscles à l’effort, qui prend 10 min environ. Pendant le footing, on échauffe également les bras, les épaules par des petits coups de poing souples dans le vide par exemple.

On passe ensuite au travail spécifique (comme dit dans notre jargon). Pour les personnes qui pratiquent le Sanda, il va s’agir de travailler en mouvements lents sur chaque technique de combat : coup de poing et coup de pieds donc.

Ensuite, on finit avec un travail aux paos, là on va mettre plus de force, plus de vitesse et plus de précision dans les cibles, qui sont tenues par le coach ou un partenaire d’entrainement.

Et, on va cibler les enchaînements qui seront ensuite utilisés dans le combat, le but étant d’être dans le concret de suite.

Le second temps sera l’échauffement avant le combat. Cet échauffement se fait 2 ou 3 combats avant le sien (entre 10 et 30 min avant pour simplifier). Là, on va faire monter le coeur par des frappes lourdes sur paos, du travail de lutte et des enchaînements pieds/poings (toujours ceux qu’on aura décider de faire dans la stratégie).

Ensuite vient l’habillement ; en championnat internationaux, nous somme équipés de la tête au pied, donc c’est carrément plus simple et pratique.

Une fois qu’on est en tenue, on va attendre pas loin de la plateforme et continuer à bouger (sautillement sur place, shadow (poings/pieds dans le vide)) pour garder le corps à température et le coeur à un certain niveau. Ce qui permettra d’attaquer d’emblée le combat sans souffrir d’une montée en acide lactique par exemple.

Pour rentrer dans la stratégie, la mienne était la suivante : sur de nombreuses vidéos, nous avions vu que les chinois n’aiment pas avoir la pression sur eux, mon but était donc de mettre la pression dès les 30 premières secondes et tout le long du combat ne jamais arrêter. Il faut en fait éviter qu’ils prennent leur rythme car là c’est foutu.  Mettre la pression sous forme d’attaques en poings rapide pour faire mal et enchaîner derrière sur des projections. Puis au fur et à mesure du combat, placer des coups de pieds au niveau du plastron pour marquer des poings.

J’ai donc adopté cette stratégie, mais très rapidement la chinoise a pris le dessus, très forte en lutte et projection, elle a rapidement trouvé la bonne distance pour enchaîner de loin un crochet large du droit et ensuite sa projection. Et, elle n’a fait que ça pendant tout le combat. Derrière, je n’ai pas su contrer,  j’ai continué à aller à la guerre pour essayer de faire mal par mes poings, mais j’ai eu du mal à trouver la bonne distance. Je n’ai su passer que 2 projections sur tout le combat :( alors qu’elle a dû me faire tomber au moins 20 fois.

J’entendais les consignes des coaches, j’essayais de les adopter dans la foulée, mais sans succès. J’ai malgré tout continuer à en vouloir, à me relever dès que je tombais pour lui faire comprendre que la française en face en avait aussi dans la tête et les poings, mais j’ai ensuite trouver mes limites physiques, et même si elle commençait à flancher aussi, elle avait pris tellement d’avance que cela en était fini pour moi :(

Pour autant, quand j’ai perdu et suis sortie de la plateforme, j’étais déçue mais n’avais aucun regret. Elle était plus forte que moi pour cette fois-ci ou tout du moins a fait ce qu’il fallait pour m’enquiquiner. Nous regarderons la vidéo au calme, pour faire un état des lieux et travailler ce qu’il y a à travailler. Bien sûr, une ½ finale de championnat du monde reste à ce jour un rêve, mais je compte bien retenter ma chance dans 2 ans et d’ici là travailler plus pour gagner plus (de médailles hein) !

Je vais maintenant endosser le rôle de groupie et encourager les copains et copines de l’équipe, pour aller chercher de la médaille !