Défaite : constat et analyse

Pour introduire cet article, j'écrirais ceci : on ne se rappelle que de ceux qui gagnent.
Tellement vrai mais parfois injuste quand on connaît tout le travail fourni en amont d'un combat ou d'une compétition.
Vous vous souvenez vous du second du 100m au JO 2016 ? Ou encore du vice champion Olympique 2016 de boxe chez les lourds ? Personnellement non mais je me rappelle d'Usain Bolt et de Tony Yoka. Vous pouvez faire le test et vous verrez que dans la majorité des cas, seul le 1er nous vient à l'esprit.

Alors vous me direz peut être que ce qui est important c'est le chemin parcouru pour arriver au résultat. J'aurai tendance à être d'accord avec vous. C'est aussi ce côté positif qui doit permettre de continuer à aller de l'avant. Mais quand même, un compétiteur n'aime pas perdre, c'est un principe et c'est bien celui qui permet de se dépasser encore et toujours.

Je me suis d'ailleurs toujours dit, que si un jour, je n'arrivais plus ou n'avais plus envie de reprendre les entraînements après un combat (perdu ou gagné), alors ce serait la fin de ma carrière sportive. Car oui, même si parfois la défaite est dur à encaisser (décisions injustes par moment ou l'impression d'avoir tout donner pour rien), il est important de remonter sur le cheval qui nous a fait tomber.

Et cela veut dire se confronter à nouveau à ses limites, se dépasser, souffrir pour progresser, continuer à en vouloir, travailler ses points faibles, se prendre des coups à l'entraînement, se blesser parfois, faire attention à son alimentation, refuser de sortir un soir avec des amis car vous avez un entraînement ou une échéance importance en approche, garder la motivation, même quand vous devez aller courir, qu'il fait froid, gris et que la seule chose dont vous avez envie à l'instant T, c'est de rester sous votre couette. Ou que vous avez la journée de boulot dans les jambes, mais qu'il faut entamer sa 2ème journée, celle du training.

Rentrons un peu plus dans le vif du sujet.
Pour moi, et cela ne reste que mon avis, il y a plusieurs défaites :
- une où l'adversaire était ce jour là plus fort, malgré le fait d'avoir tout donné
- une où l'adversaire était peut être ce jour là plus fort, mais on sort en ayant l'impression d'avoir manqué de quelque chose
- une où l'adversaire du jour était soi même, et qu'il y a eu une défaillance quelque part. On ne sait pas trop si on aurait pu gagner dans d'autres conditions.

Est que, pour reprendre mon exemple de ma finale récente perdue :
- si j'avais mieux dormi la veille
- si je n'avais pas eu une infection urinaire la semaine précédent la compet,
- si j'avais eu un dernier mois de préparation sans interruption (semaine de formation sans aucun entraînement possible, blessure au dos sur un mauvais mouvement en muscu)
- si je n'avais pas stressé 2 semaines avant
- si je ne m'étais pas blessée à la jambe droite en finale.

Aurais-je gagné ... ? Franchement, entre nous, je saurais incapable de vous le dire.

La 1ère défaite est certainement la plus facile à digérer et c'est d'ailleurs ce que je dis à mes jeunes compétiteurs pour les pousser. "Si vous perdez c'est parce que la personne en face aura été plus forte que vous et non pas parce que vous aurez déconné". Cela a souvent l'effet escompté sur la motivation, je ne vous le cache pas 😀

Entre les 2 autres, je ne sais pas laquelle est la pire mais en attendant, constater sa défaite c'est bien, mais en faire une analyse objective, avec du recul c'est quand même mieux. Là aussi c'est un choix. On peut continuer à se lamenter sur son sort, ou on peut décider de se bouger et de passer à autre chose.
Je ne dis pas que c'est simple et rapide et cela demande toujours un peu de temps. Nous restons des humains malgré tout.

Il m'a bien fallu 4/5 jours après ma finale pour prendre ce recul.
Sur le coup, j'étais clairement dégoûtée.
J'avais fait un combat solide jusqu'à 1mn15 de la fin, j'avais cette ceinture à portée de mains et puis mon physique a lâché, en mode réservoir à sec, low battery. Vous visualisez l'alerte de votre voiture, ou de votre téléphone, ben pareil !!

Et en toute conscience bien entendu, je vous jure je l'entendais bien mon coach me dire de percuter, de prendre l'initiative mais le cerveau n'envoyait plus vraiment les signaux aux muscles ou les muscles plutôt ne captaient plus les ordres !!
Et je me suis refaites l'histoire pendant quelques jours. Puis à un moment donné, j'ai réussi à être plus objective, à voir mes points faibles, mais aussi mes points forts et là on entre dans la phase analyse, et nouveau plan d'actions pour éviter une telle fin la prochaine fois.

Cette analyse, on ne la fait jamais seul, moi je l'ai faite avec mes 3 coaches ! Ils ont vu la vidéo du combat, m'ont fait leur retour, m'ont démontré que j'avais quand même bien progressé depuis le dernier combat, m'ont encouragé en me disant que le travail fini toujours par payer et ont commencé à évoquer plusieurs axes d'amélioration possibles :
- gestion de l'avant compétition : émotions, stress, sommeil, concentration ...
- gestion du combat selon le format de la compétition : si c'est aux points ou aux rounds gagnants
- préparation plus poussée sur la partie cardio
- gros travail à fournir pour mieux transférer la muscu dans le combat : appuis, transfert de la force, puissance de frappe
- travail de certains automatismes, même si je ne suis pas fan du terme. Un peu de répétitions de combinaisons simples : blocage/parade, remise, contres, enchaînements pied/poing, sans rentrer pour autant dans une boxe stéréotypée et en gardant ce qui fait ma particularité. C'est à dire venir d'une autre discipline, le Sanda.
- continuer à travailler sur la perception, le sens du combat, sur le rythme du combat (comme une batterie, c'est à dire être en capacité de travailler en fréquence, mais à tout moment faire son sniper et frapper fort là ou ça fait mal
- ...



Aujourd'hui 10j après la finale, je n'ai qu'une envie c'est de repartir à l'entraînement. Bon déjà au bout de 5j je ne tenais plus en place, mais là je n'attends qu'une chose le retour de vacances de mon coach / préparateur physique pour avoir un nouveau programme.
Je n'ai pour le moment pas d'échéance particulière, peut être le collectif France cet été mais rien de bien certain.
Mais ce qui sur, c'est que je vais me remettre sérieusement au travail pour l'année prochaine obtenir une bonne fois pour toute cette ceinture de championne de France ; K1, low kick ou les 2 disciplines, on verra bien.

La route sera longue et peut être parsemée d'embûches, mais rien d'impossible.










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